Jojo à Tokyo, Février 2015

Une fois n’est pas coutume, c’est à mon tour de prendre la plume (ou plutôt le clavier) pour vous raconter mes histoires sur ce blog.
J’ai passé la semaine dernière au Japon, au siège de la région Asie chez Valeo. Et j’en ai profité pour passer deux week-ends à Tokyo.
Parti vendredi d’Ahmedabad et après une nuit de vol, j’atterris à Narita. Une quarantaine de minutes de train plus tard, me voilà dans le centre de Tokyo. Quand on voit la qualité et la propreté de leur liaison entre l’aéroport et la ville, ça doit faire tout drôle aux japonais arrivant à Roissy et qui se retrouvent dans notre cher RER B…

Ma visite de Tokyo commence par celle d’un temple shintoïste, Meiji-Jingu, érigé par un ancien empereur. J’ai eu la chance de croiser plusieurs processions de mariés en tenues traditionnelles.

Ce temple est entouré des traditionnelles portes japonaises, et surtout par un parc immense. Un îlot de paix au milieu de l’agitation tokyoïte. La ballade sous le soleil d’hiver (sec) est très agréable.

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Je continue ensuite dans le quartier d’Harajuku, complément déjanté, temple du cheveu rose et de la semelle compensée.

Je poursuis ma balade dans la zone ou toutes les marques de luxe ont leur vaisseau amiral, bâtiments modernes et d’architecture audacieuse, s’inscrivant parfaitement dans le décor de ces « Champs Élysées de Tokyo ».

Après une assiette de sushis dont je rêvais depuis longtemps, je file dans le quartier du capsule hôtel que j’ai réservé, Sinjuku. C’est le coin de la nuit dans la capitale. L’après-midi, tout est calme, il n’y a pas d’agitation autour des bars à hôtesses, je croise quelques couples main dans la main (et le sourire aux lèvres), au niveau des love hôtels.

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En fin d’après-midi, je rejoins mon hôtel et ma chambre minuscule. Quelle expérience!
Sur 5 étages, deux sont réservés aux capsules, un au restaurant, un à l’accueil et aux casiers (eh oui, il n’y a absolument aucun rangement dans les capsules) et un au « spa » (le bain a une importance toute particulière dans la culture nipponne). Dans cet établissement uniquement masculin, on y trouve tout type d’homme, jeune, âgé, en costume, ou sportif argentin venu courir le marathon de Tokyo une semaine plus tard.
Les capsules sont alignées dans des couloirs un peu glauques, sur deux niveaux. Si tant de monde a pris l’habitude de dormir dans ce genre d’hôtel, c’est par ce que les chambres plus classiques sont beaucoup plus chères, du fait du manque d’espace dans la capitale.

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Je passe la soirée avec un collègue VIE au Japon qui m’a proposé d’aller dîner ensemble, et un de ses amis, également français. Nous nous rendons dans le quartier de Shibuya, connu partout dans le monde pour ses écrans géants aux façades des immeubles et son passage piéton impressionnant! À chaque minute, du lever du jour jusqu’au départ du dernier métro, quand le feu passe au vert, des centaines de personnes s’y croisent.

La nourriture japonaise est très fine, mais malheureusement servie en petite quantité, ce qui fait vite monter l’addition si l’on veut être rassasié. Après quelques bières, un bol de ramen (nouilles servies dans un bouillon avec de la viande de porc) sera nécessaire pour dormir repu.

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La journée du dimanche commence par une montée en altitude. L’une des tours du Tokyo Metropolitan Government propose d’accéder au 45è étage, à plus de 200m de haut. D’ici, la vue sur la capitale est impressionnante. Par temps très clair on peut même distinguer le sommet enneigé du mon Fuji (symbole du Japon), mais je n’aurais pas cette chance.

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Après un nouveau bol de ramen, Ma visite se poursuit dans le quartier du palais impérial. Le palais en lui-même n’est pas ouvert à la visite, mais on peut se rendre dans les jardins. Ceux-ci ne sont pas aussi impressionants qu’espérés, il faudra probablement revenir au printemps pour voir les arbres en fleur.

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En fin d’après-midi je finis par me rendre à la gare, pour monter dans le shinkansen (le tgv japonais) qui m’emmènera jusqu’à Kumagaya, ou je résiderai toute la semaine (à une soixantaine de kilomètres de la capitale, et proche du site Valeo où je me rendrai tous les jours).
Je dîne avec un autre collègue français, également en VIE, et sa copine japonaise, qui, chose rare ici, parle très bien anglais.
Puis je prends possession de ma chambre d’hôtel, plus grande et bien plus confortable que ma capsule tokyoïte.

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Je ne vous détaillerai pas ma semaine de formation, mais celle-ci fut très intéressante. J’ai enfin pu rencontrer des personnes avec qui je suis en contact tous les jours, et bien d’autres français travaillants sur place, toujours très accueillants, et curieux de voir de nouvelles têtes leur rendre visite.
Les journées finissaient presque toutes au restaurant, en compagnie du gros contingent français.

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L’Inde ne jouit pas d’une bonne image ici, et est vue comme un pays difficile à vivre à côté du paisible quotidien japonais. J’étais ravi de pouvoir expliquer à mes compatriotes combien la vie gujaratie est riche en étonnements et découvertes, comparé à celle du Japon très occidentalisée.

Mon séjour au pays du soleil levant se termine par une dernière journée de visite dans la capitale. Je me rends au Senso-ji, temple bouddhiste aussi touristique que coloré, dans le centre de Tokyo. Celui-ci a été entièrement reconstruit à la suite de la deuxième guerre mondiale. Comme la majorité des bâtiments tokyoïtes, il n’avait pas résisté aux bombardements américains. Cette reconstruction récente donne presque une impression de « faux » et on n’y ressent clairement pas l’atmosphère de nos vielles cathédrales européennes.

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Je continue ma balade le long du fleuve, au pied de la Sky Tree, tour la plus haute de la capitale, culminant à plus de 500m d’altitude, puis prends place, dans une embarcation ressemblant aux bateaux mouches parisiens, pour me rendre dans la baie de Tokyo. À la tombée de la nuit, la vue de toutes ces tours scintillantes face à l’embouchure du fleuve est magnifique.
Tokyo possède également sa statue de la liberté.

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Pour dîner, je retrouve Benoit, mon collègue VIE Valeo que j’avais rencontré samedi dernier. Nous nous rendons dans un « fast-food » typiquement tokyoïte. Nous avons chacun notre tablette pour commander sushis, makis ou autre. En quelques secondes notre nourriture arrive, comme en lévitation au dessus d’un rail et s’arrête juste devant nous, impressionnant (mais le côté social…?). Ensuite nous rejoignons toute l’équipe des français de Valeo, pour la soirée de départ d’un d’entre eux. Au programme open-bar pendant deux heures (les japonais ont le goût des bonnes choses), puis soirée en boîte.

Et c’est au petit matin que je me rends à l’aéroport pour terminer cette belle semaine japonaise, pleine de découvertes et de belles rencontres.

La famille en Inde, un premier jour intense ! Ahmedabad, Février 2015

On en parlait depuis septembre, on le préparait depuis octobre, ce jour J est enfin arrivé ! Celui de l’arrivée de mes parents et de ma tante en Inde !

Ne passant qu’une journée à Ahmedabad avant de commencer le périple (Agra puis une boucle dans le Rajasthan), optimisation a été le mot d’ordre de la journée !

Après une arrivée très matinale suivie d’une bonne sieste, nous nous sommes entassés à 4 dans un rickshaw afin d’aller visiter la vieille ville ! Au programme : bain de foule, vaches, singes, beaucoup de bruits et d’odeurs, une partie furtive de cricket, la découverte du thali gujarati (cuisine végétarienne), beaucoup de sourires aux indiens curieux, des temples, des temples et encore des temples !

Une très belle journée, certes un peu fatigante, mais qui augure très bien du reste du voyage !

Voici un petit pèle mêle de la journée en image.

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Quid des vaches sacrées en Inde ?

Croiser des vaches en liberté dans la rue fait partie de notre quotidien. Elles sont de races différentes, parfois en groupe, parfois avec des petit veaux, toujours très nonchalantes, insensibles au chaos ambiant, la tête dans une poubelle ou en train de ruminer sur le bord de la route ! Cela fait partie du charme de l’Inde et on se régale toujours à les prendre en photos (surtout les petits veaux) !

On le sait donc : la vache a un statut particulier en Inde, mais quand il s’agit de définir précisément ce statut, il y autant de versions différentes que d’interlocuteurs ! « Un collègue m’a dit qu’on ne pouvait pas les toucher, j’ai lu qu’on peut quand même en boire le lait, ah ouai moi j’ai lu le contraire, mais c’est un dieu ou pas ? la dernière fois j’ai vu un élevage de vaches c’est qu’ils doivent bien les toucher non ? » Voila à peu près nos discussions à ce sujet ! En général les indiens bottent en touche avec un « you know, India, it is complicated ! ».

J’ai décidé d’éclaircir (un peu) ce mystère une bonne fois pour toute !

J’ai eu du mal à trouver des informations fiables, lisant tout et son contraire, mais à force de recouper les informations, je pense avoir une synthèse assez juste ! Dites moi si vous avez eu des échos contraires !

Les vaches indiennes sont en fait la plupart du temps des zébus avec une bosse sur l’encolure. Généralement plus grande que nos vaches, elles ont également de grandes cornes assez impressionnantes. Il existe également des buffles mais qui sont vraiment très différents, on ne peut pas les confondre. Je n’ai pas de doctorat en vache, vous me pardonnerez cette description peu scientifique de la vache indienne ! (je suis prudente je sais que j’ai un lectorat qui s’y connait en vache !)

La vache est-elle un dieu ?

Non ! On confond souvent avec Nandi qui est un taureau blanc. On voit effectivement Nandi à l’entrée de certains temples hindous, c’est la monture du dieu Shiva. On le trouve d’ailleurs très généralement représenté couché devant l’entrée des temples dédiés au dieu où les hindouistes le vénèrent. On lui parle dans l’oreille et étant situé en face de Shiva, il va lui transmettre notre demande.

La vache n’est donc pas une divinité, ni l’animal de compagnie des dieux.

La vache a-t-elle un caractère sacré et quelle est son origine ?

Les versions divergent selon ce qu’on lit, mais globalement la vache est synonyme de fertilité et de nourriture (selon le Lonely planet). Selon le Routard, le respect de la vache est le respect de l’ashima ou de l’absence de volonté de tuer, c’est un signe de respect envers la mère universelle, cette vache qui symbolise la maternité, la charité, la pitié.

Selon la tradition hindouiste, la vache est également considérée comme issue d’un océan de lait. Non je n’ai pas abusé de bang lassi, voici l’explication de cet océan de lait. Certains dieux se mirent en tête de baratter l’océan afin de produire l’Amrita équivalent de notre ambroisie, après 1000 ans de péripéties (à base d’alliance avec les diables, animaux magiques, guerres et cataclysmes que vous pouvez lire ici ils finirent par arriver et de cette réussite naquît un nombre considérable d’êtres merveilleux dont notre fameuse vache. (à se demander qui a abusé de bang lassi !).

Cette vache c’est Surabhi, la vache d’abondance. Les vaches donnent cinq produits sacrés, ou pancagavya (le lait, le caillé, le beurre, l’urine et la bouse), qui jouent toujours un rôle essentiel dans la vie quotidienne de millions d’indiens. Le mélange de ces cinq éléments est considéré comme extrêmement purificateur pour l’âme et le corps. Dans de nombreux villages, il parait que l’on peut voir encore les paysans enduirent le seuil de leur demeure d’un liquide à base de bouse et d’urine de vache. Il paraît que la mixture a des vertus pesticides. Les bouses sont conservées et servent de combustibles. Le lait est largement consommé par tous les indiens, y compris les hindouistes les plus extrêmes.

Le Routard en a une vision plus pragmatique, selon eux, le caractère sacré de la vache trouve ses origines dans les fréquentes famines, en faisant de la vache la mère de l’homme, la seule qui puisse nourrir les nourrissons, les sages ont donc assuré la vie des enfants.

Le caractère sacré serait-ce une invention moderne ?

Un livre « Le Mythe de la vache sacrée » a fait scandale en 2002, l’auteur y explique que ce caractère sacré est en fait une invention moderne. L’historien Dwijendra Narayan Jha montre, exemples à l’appui, que la vache est servie comme offrande aux dieux védiques, ceux la même qui ont contribués au barattage de l’océan. L’animal est même consommé par les habitants, les Aryens, qui venaient d’arriver des steppes d’Asie centrale dans les plaines du nord du pays. Et il est également sacrifié pour accompagner la migration de l’âme du défunt dans le cycle des réincarnations. « La dimension sacrée de la vache est un mythe et sa viande faisait partie du régime alimentaire non végétarien et des traditions diététiques des ancêtres indiens », conclut Dwijendra Narayan Jha.

C’est au XIXe siècle, à la suite du mouvement créé par le leader religieux Dayanand Saraswati, que la protection de la vache devient un outil de mobilisation politique contre les colonisateurs, avec, en filigrane, la croyance que les invasions musulmanes auraient imposé la consommation de bœuf à l’Inde.

Quelques années plus tard, Gandhi écrit : « La mère vache est à plusieurs égards meilleure que la mère qui nous a donné naissance. », sympa. Il poursuit : «  Notre mère nous donne du lait pendant quelques années et ensuite s’attend à ce qu’on soit à son service lorsqu’on grandit. La mère vache ne nous demande rien hormis de l’herbe et des granulés. ». L’Inde indépendante a interdit l’abattage et l’exportation de vaches, mais certains Etats sont allés plus loin. En 2010, le parti nationaliste hindou du BJP a fait passer une loi dans l’Etat du Karnataka pour interdire l’abattage de buffle, allant jusqu’à pénaliser la possession de viande de bœuf.

A cette lecture on arrive déjà à avoir une idée plus précise : la vache est sacrée pour les hindous pour des raisons religieuses et certainement également ancrées dans le pragmatisme d’autrefois nécessaire à la survie. On peut la toucher et en boire le lait, mais il est interdit de la consommer. Ces interdits sont de l’ordre religieux mais aussi légal dans certains états, malgré quelques récentes controverses à ce sujet.

En fait, c’est un peu plus compliqué, voici le résumé d’un article paru dans le nouvel obs sur la situation actuelle.

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Architecture d’Ahmedabad : Louis Kahn et l’IIMA, Février 2015

Cela fait plusieurs fois que j’ai l’occasion d’aller sur le campus de l’école de commerce d’Ahmedabad mais c’est la première fois que j’y vais uniquement pour prendre des photos. Ce campus est très réputé pour la qualité de son enseignement (en Inde mais également à l’international) et de son architecture.

L’architecte est américain et se nomme Louis Kahn, c’est également lui qui a dessiné le parlement à Dhaka et qui a inspiré l’architecte bangladeshi du Friendship training center de l’ONG dans laquelle je travaillais il y a quelques mois. Autant vous dire que je commençais à avoir un bon aperçu de ce à quoi ressemble son travail : utilisation des matériaux locaux (briques et béton), matériaux apparents, découpes géométriques créant des jeux de lumières et laissant circuler l’air.

Friendship center à Gaibandha, Bangladesh

Friendship center à Gaibandha, Bangladesh

Le parlement à Dhaka, Bangladesh

Le parlement à Dhaka, Bangladesh

Louis Kahn a été contacté pour le projet de l’Indian Institute of Managament après son travail au Bangladesh, où il a su mélanger les traditions architecturales du Bangladesh, le symbolisme du parlement de ce tout nouveau pays, tout en prenant en compte les conditions climatiques : fortes chaleurs, taux d’humidité élevé.

Ce campus est également fort en symboles, en 1961, un groupe d’industriel décide de lancer une nouvelle forme d’enseignement en Inde, basée sur l’échange entre les étudiants, le mélange des disciplines, les débats plutôt que l’écoute passive d’un professeur toute la journée.

L’école prend le nom d’institut tant la réforme est grande en Inde, l’élite s’y bouscule. Le campus n’est pas construit autour des salles de classe mais autour d’une grande place principale entourée de coursive où circule l’air « frais » été comme hiver, devenant le lieu de rendez vous privilégié des étudiants, un véritable lieu de rassemblement et d’échanges. Les bâtiments sont percés de grandes figures géométriques rafraichissent naturellement l’air en empêchant les rayons du soleil de pénétrer directement.

En plus des salles de classes et de cette grande cour, les étudiants et les professeurs vivent sur le campus, on y trouve des petits restaurants, une pharmacie, des terrains de sport. En semaine on se croirait à Châtelet en heure de pointe mais le dimanche l’ambiance y est très paisible et offre un contraste saisissant avec le bruit de la rue.

Assez parlé, voici quelques photos.

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